Comment réduire la pénibilité du travail dans certaines fonctions particulièrement mises à contribution dans le secteur parapublic social constitue une préoccupation de l’AVOP depuis plusieurs années. Face au constat d’une complexification des situations accueillies et de conditions de travail exigeantes dans un secteur institutionnel nécessitant un accompagnement en continu 7 jours sur 7, l’AVOP avait mandaté en 2019, conjointement avec ses partenaires syndicaux et étatiques, une enquête auprès de collaborateurs intervenant dans des secteurs à haute pénibilité. Celle-ci visait à objectiver les besoins du terrain et mettre à jour les mesures à même d’améliorer l’expérience au travail du point de vue des équipes directement affectées. Selon les résultats, les représentants étatiques s’étaient montrés ouverts au financement de mesures pilotes prometteuses, dans la mesure où celles-ci étaient ciblées sur des fonctions à haute pénibilité.
En 2021 et 2022, les résultats de cette enquête, sous la forme d’une liste de près de 170 mesures de nature et de qualité très variables, ont été soumis à l’appréciation des différents bureaux de l’AVOP.
Suite au constat qu’une partie de ces mesures relevait de l’application des dispositions existantes de la CCT, le bureau des ressources humaines s’est d’abord attelé à trier l’ensemble des mesures en différentes catégories : mesures découlant de l’application de la CCT ; mesures pouvant être mises en œuvre par les institutions elles-mêmes ; mesures à développer avec une modification éventuelle de la CCT et un financement additionnel ; mesures à abandonner pour différentes raisons (irréalistes, pas compréhensibles).
Une fois ce tri réalisé, il était devenu nécessaire de poursuivre le travail dans le cadre des bureaux missions pour déterminer quelles suites concrètes lui donner dans les différents secteurs – pédagogie spécialisée, éducation sociale, accompagnement des adultes.
De manière générale, l’examen attentif des mesures dans les différents bureaux « missions » de l’AVOP a permis de mettre en évidence la nécessité de travailler conjointement sur différents niveaux pour agir sur la pénibilité vécue au travail, et ce quel que soit le secteur. Ainsi, aménagement des conditions d’emploi et des horaires de travail (travail de nuit, repos, etc.), soutien aux équipes (dotations et encadrements par les responsables, remplacements et renforts), recrutement et intégration des nouveaux collaborateurs, et développement des compétences professionnelles (formation continue, supervision et intervision) constituent autant de dimensions à considérer pour une approche globale et efficace de lutte contre la pénibilité.
Néanmoins, les discussions dans les différents bureaux ont confirmé la nécessité de travailler de manière sectorisée sur ces trois domaines, les réalités d’accompagnement selon les missions et publics accueillis étant très diverses, et chaque secteur étant confronté à des agendas et calendriers de travail particuliers.
Ainsi, dans certains bureaux, le travail s’est vite heurté à des questionnements de fond sur : Comment définir qu’une situation d’accueil est particulièrement complexe ? Comment cibler les fonctions à haute pénibilité qui bénéficieraient de mesures pilotes plus avantageuses ? Comment avancer concrètement sur ce dossier compte tenu de l’urgence d’autres projets d’envergure politique en cours ?
En conséquence, les discussions menées dans les bureaux missions ont débouché sur des propositions d’action diverses. Dans le secteur adulte, le travail mené par le bureau a fait rapidement écho à un projet en cours sur les modalités d’accompagnement de personnes en situation de handicap complexe et présentant des comportements-défis importants. Il a conduit à l’élaboration d’un premier canevas pour un projet-pilote visant à tester des modalités de travail innovantes auprès des équipes en lien direct avec ces situations. La consolidation du concept et la mise en œuvre de ce projet-pilote constitueront une étape majeure dans la mise en place d’un dispositif cantonal idoine dès 2023.
Dans le secteur de l’éducation sociale, les réflexions sur les mesures nécessaires à prendre se sont plus particulièrement concrétisées dans le cadre des réflexions en cours sur la revalorisation du statut de l’éducateur d’internat. Dans le secteur de la pédagogie spécialisée, et malgré des besoins avérés, le dossier a été en revanche mis en suspens pour rassembler les forces sur les dossiers en lien avec la révision de la loi sur la pédagogie spécialisée.